Le vendredi 31 juillet 2015 s’est réunie à l’hôtel Pullman la Commission nationale de l’Aménagement du Territoire (CNAT) afin de valider le Schéma directeur d’Aménagement et de Développement territorial de la zone Dakar-Thiès-Mbour.
Cette commission, présidée par le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du Territoire, a réuni l’ensemble des acteurs concernés par l’Aménagement et le Développement territorial, en plus d’élus (dont le Président de l’Union de l’Association des Elus locaux) et des hauts représentants de l’Etat, en l’occurrence le Pr Ismaïla Madior Fall, conseiller du président de la République et Président du Comité national de pilotage de l’Acte 3 de la décentralisation, le ministre délégué au Budget Birima Mangara, le Délégué général à la promotion des Pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose, Seydou SySall, le Président de la Commission nationale de Réforme foncière le Professeur Moustapha Sourang, le Directeur général de l’Agence de développement municipal (ADM) Cheikh Issa Sall, le Directeur général de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) Abdoulaye Mbodj, le Directeur de l’agence de Construction des bâtiments et édifices publics…
Le Schéma Directeur d’Aménagement et de Développement territorial validé a pour objectif global d’établir une vision d’ensemble du devenir du triangle et de concevoir les priorités stratégiques, ainsi que les options d’aménagement et de développement les plus pertinents face aux grands enjeux économiques et démographiques, lesquels devront s’inscrire dans une logique de mise en œuvre du PSE et des différents documents de planification spatiale.
La présentation du schéma à laquelle ont assisté les membres de la commission a clairement identifié et défini les atouts, faiblesses et enjeux de la zone, concernant le développement durable, les dynamiques urbaines, la gestion adaptée des risques – qu’ils soient liés à l’érosion ou à l’installation des populations sur les zones hautement inondables – ; l’amélioration du cadre de vie des populations et la mobilité.
Parce que l’ANAT, dans son processus d’élaboration, a adopté une démarche itérative et inclusive comme l’a rappelé le Directeur général, l’ensemble des acteurs ont été consultés et associés, avec plus de 112 entretiens individuels menés durant l’étude, des Comités départementaux de développement organisés, un atelier de partage avec les services techniques et l’état, ainsi que un autre atelier avec les acteurs territoriaux.
Cela a permis à l’équipe projet, selon cette dernière, de faire une photographie précise de la zone et ses potentialités, et de la maitriser, afin de choisir le meilleur scénario d’aménagement et de développement.
Ce scénario a permis de retenir cinq orientations stratégiques, autour de la gestion durable de l’environnement et la préservation des écosystèmes sensibles ; la maîtrise de l’urbanisation ; l’amélioration du cadre de vie des populations ; l’amélioration de la mobilité et le renforcement du tissu économique. Dans leur démarche méthodologique, chaque orientation stratégique a été décliné en objectifs stratégiques, objectifs qui à leur tour ont permis de proposer 115 actions d’aménagement et de développement territorial de la zone, en plus de la répartition spatiale des activités dans la zone, et l’affectation des territoires (cf. carte des grandes affectations du territoire, avec cinq types d’affectations en dehors des zones de contrainte à l’occupation du sol : les zones urbaines, les zones d’activités économiques, les zones agricoles, les zones touristiques, les zones de conservation.).
La structuration fonctionnelle du territoire n’est pas en reste, avec l’érection de Thiès et Mbour en métropoles d’équilibre permettant de contrebalancer Dakar métropole internationale ; Diamniadio, le Lac Rose et Diass en pôles d’expansion urbaine et la zone des Niayes et l’axe Thiès-Mbour en pôles agricoles. A titre illustratif, pour l’orientation stratégique concernant le renforcement du tissu économique, il a été proposé un essaimage de zones d’activités économiques sur toute la zone, afin d’obtenir d’une part un aménagement cohérent (évitant l’incompatibilité de certaines activités dans une même zone), de promouvoir les activités économiques, artisanales et industrielles tout en modernisant et renforçant les équipements de soutien à l’activité économique; et d’autre part de permettre aux artisans, industriels etc., d’exercer dans les meilleurs conditions et avec des risques minimisés.
Par ailleurs, il a été proposé aux élus de mettre en place dans leur périmètre des zones d’activités économiques communales afin de proposer aux acteurs économiques où exercer, pour éviter l’occupation anarchique de la voie publique et éviter les encombrements, ce qui est plus que d’actualité au regard du contexte actuel d’encombrement et d’occupation illégale de la voie publique.
Une autre action de développement économique proposée, est la construction d’un centre d’exposition international à DIASS (action 5.2) d’une superficie de 100 hectares environ qui devra être un centre moderne, ouvert et bien équipé. En effet, avec les projets de construction d’autoroutes et de voies ferrées, ce nouveau centre sera accessible aux trois métropoles de Dakar, Thiès et Mbour. Il s’agira dès lors d’un équipement important qui permettra de soutenir le développement de la Zone Economique Spéciale Intégrée, de contribuer à la décongestion de Dakar, de promouvoir le tourisme d’affaires et d’augmenter la rentabilité des infrastructures de transport. Son développement sera basé sur l’organisation de nouveaux salons et l’exposition internationale, en plus des grands événements organisés jusque-là au Centre international de commerce extérieur du Sénégal (CICES). Il constituera de fait une alternative au CICES, qui est maintenant quasiment encerclée par l’habitat et dont l’accès est devenu difficile. Ce dernier dès lors devra faire l’objet d’une requalification qui répondra aux besoins en équipements de Dakar.
Concernant la promotion de l’exploitation et la valorisation des ressources et potentialités de la zone afin de renforcer son tissu économique, il y a la recommandation qui vise à créer une zone agricole spéciale couvrant la zone agricole sensible des Niayes (comprise entre Sangalkam et Notto Gouye Diama) afin de mettre en œuvre dans cette zone un ensemble cohérent de programmes et de mesures incitatifs et réglementaires pour permettre à l’agriculture de se développer au détriment de l’urbanisation qui menace la zone. Les mesures réglementaires porteront sur la mise en place d’un dispositif interdisant la transformation de superficies agricoles en zones d’habitation ; les programmes de nouveaux lotissements ou de construction de logements sociaux, la construction d’infrastructures non liées à l’exploitation agricole. Dès lors, la progression de l’habitat sera circonscrite autour des noyaux d’établissements humains existants.
Pour les programmes et mesures incitatifs, les actions à mener consisteront à : assurer l’accès à l’eau et aux intrants dans des conditions avantageuses dans toute la zone ; installer des équipements de stockage, de conservation, de conditionnement dans les pôles de Sangalkam-Bambilor et Bayakh ; accompagner et organiser les producteurs; identifier de nouvelle filières porteuses et de nouvelles spéculations et faire de Sangalkam un centre d’excellence horticole (notamment en y relocalisant la Direction de l’horticulture et le Centre de formation horticole).
Sur un autre volet, au niveau des infrastructures proposées qui permettront d’’améliorer la mobilité dans la zone, outre l’amélioration de l’intermodalité et la promotion de modes de transports collectifs et alternatifs à la route ; nous pouvons citer le projet de mise en place d’un port sec à Fandène qui permettra de décongestionner le port de Dakar et de promouvoir la création d’activités et d’emplois à Thiès ; afin d’accompagner le développement du port de Dakar, qui est très dynamique et dont le trafic ne cesse d’augmenter, au point où actuellement, pendant les jours ouvrables, le secteur du port est congestionné, notamment à cause du trafic de poids lourds. Il serait le point de transit de la plupart des marchandises à destination de la partie nord du Sénégal. La réalisation de l’autoroute à péage Thiès-Touba (Ila-Touba) permettra de faciliter le transit vers les villes du centre et du nord. Sa réalisation permettra d’éviter l’entrée d’un nombre important de poids lourds dans Dakar, ce qui va contribuer à décongestionner l’agglomération et à améliorer la qualité de l’air en plus d’un gain de temps important pour les acteurs.
Par ailleurs, ce port sera non seulement complémentaire au port sec de Kaolack qui va desservir la partie sud et les pays limitrophes Mais présente beaucoup plus d’opportunités parce qu’il existe déjà un chemin de fer fonctionnel Dakar-Thiès, sans oublier le fait que Thiès sera bientôt desservi par un réseau d’autoroutes.
C’est fort de toutes ces 115 propositions que les différents représentants de l’Etat central ont approuvé ce document, qui sera étudié en Conseil interministériel pour l’Aménagement du Territoire.
Pour le ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l’Aménagement du Territoire, Abdoulaye Diouf Sarr, il était nécessaire, dans le cadre du plan Sénégal émergent, de structurer cette zone qui « fait l’objet de convoitises » afin « d’éviter les erreurs du passé », et en mettant à profit les « avantages comparatifs que lui confère sa position géostratégique par rapport à la sous-région ouest africaine »
Ce que confirme le Directeur général de l’ANAT, Mamadou Djigo, pour qui le schéma directeur d’Aménagement et de Développement territorial constitue une œuvre d’une grande importance, en tant que cadre d’organisation de l’occupation spatiale et d’intervention économique. En effet, il favorise la valorisation des ressources et potentialités économiques et la limitation de la forte polarisation de Dakar qui entraîne une urbanisation galopante, une forte pression foncière et une récurrence des inondations particulièrement en banlieue. »
Et ce dernier d’affirmer que « pour une meilleure appropriation de cet outil par les collectivités locales et les populations, le schéma a été élaboré suivant une démarche participative et inclusive »
Le Pr Ismaïla Madior Fall, pour sa part, considère que «le travail présenté montre que l’Acte 3 de la Décentralisation est en mouvement. La valeur ajoutée de la décentralisation est d’apporter une dimension d’aménagement du territoire, car c’est avec l’aménagement du territoire qu’on bâtit une nation. C’est en un mot, l’Acte 3 de la décentralisation ». Pour lui, il s’agit d’un exemple concret de ce à quoi vont ressembler les pôles territoires une fois la deuxième partie de la réforme mise en branle.
Selon le ministre délégué au Budget Birima Mangara, ce Schéma directeur de la Zone Dakar-Thiès -Mbour (…) donne une vision claire de l’aménagement du territoire (…) et inclut l’ensemble des besoins des citoyens», d’où la nécessité de sa mise en œuvre afin de pouvoir passer rapidement à la finalisation de l’élaboration du Plan national d’Aménagement et de Développement territorial.
Quant au président de la Commission de la réforme foncière, le Pr Moustapha Sourang, il a assuré que « des éléments de ce schéma directeur seront inclus dans le document d’orientation du régime foncier parce que, affirme-t-il, l’orientation foncière, le cadastre et l’aménagement du territoire sont intéressants pour un régime foncier d’un pays. En ce sens qu’il faut toujours délimiter la gouvernance de chaque entité ; distinguer les zones d’habitations aux espaces agricoles et ces derniers des espaces classés. Le jour où l’administration territoriale arrive à identifier que telle commune n’a pas empiété sur tel ou tel domaine, on aura réussi à notre politique de décentralisation et d’aménagement du territoire »
Le Président de l’Union des associations d’élus locaux, Aliou Sall, s’inscrit dans la même dynamique d’appui à la mise en œuvre de ce schéma, en assurant que « les élus locaux ne ménageront aucun effort pour s’approprier ce schéma directeur et l’accompagner puisqu’il (le schéma) est un instrument leur permettant de connaître les opportunités de leur localité et peut servir de cadre de référence pour toutes les collectivités locales ».
D’ailleurs, l’ANAT a proposé dans sa vision du triangle, de mettre en œuvre la coopération intercommunale, avec huit (08) intercommunalités identifiées, afin d’arriver à mettre en place plus facilement des projets de territoire face aux moyens limités dont disposent les collectivités locales, aux problèmes d’extension et aux conflits dus à ces derniers que certaines d’entre elles connaissent. De fait, la création des intercommunalités encadrées par un dispositif incitatif et réglementaire leur permettra de mutualiser leurs moyens pour assurer la cogestion des affaires d’intérêt commun et réduire les conflits entre collectivités.
Pour la mise en œuvre effective de ce schéma, la planification économique de ce schéma est entamée, en collaboration avec la Direction de la Planification afin de mettre en adéquation planification économique et planification spatiale, ce qui jusque-là a été négligé.