Monsieur le Gouverneur de la région, membres du commandement territorial ; Mesdames, Messieurs les élus nationaux et locaux; Mesdames, Messieurs les chefs de services, de projets et programmes de la région; Mesdames Messieurs les représentants des chambres consulaires ; Mesdames, Messieurs, les membres de la société civile, des organisations
CRD spécial Kaolack du 20 Août 2013 : Allocution du DG de l’ANAT
Monsieur le Gouverneur de la région, membres du commandement territorial ;
Mesdames, Messieurs les élus nationaux et locaux;
Mesdames, Messieurs les chefs de services, de projets et programmes de la région;
Mesdames Messieurs les représentants des chambres consulaires ;
Mesdames, Messieurs, les membres de la société civile, des organisations professionnelles et des organisations communautaires de base ;
Mesdames, Messieurs.
Je me réjouis de l’opportunité que vous nous offrez aujourd’hui, Monsieur le Gouverneur, de venir partager avec les acteurs locaux, non moins partenaires stratégiques de l’ANAT, sur la vision et la nouvelle démarche de l’Aménagement du territoire, qui s’inspire de celle de Monsieur le Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky Sall. Cette vision s’appuie sur une volonté affichée « d’organiser notre pays, le Sénégal, en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable » pour reprendre ses termes.
Je voudrais très sincèrement vous remercier, Monsieur le Gouverneur pour la diligence et la spontanéité dont vous avez fait montre, pour satisfaire notre requête et accepter d’organiser ce comité régional de développement (CRD) spécial sur l’aménagement du territoire, malgré un calendrier chargé avec les exigences du suivi de la campagne agricole, la gestion des inondations en cette période d’hivernage que nous souhaitons pluvieuse du reste avec cependant moins de risque bien entendu, et surtout par votre implication dans la formulation de l’acte 3 de la décentralisation qui fait partie des chantiers phares du Chef de l’Etat, Monsieur Macky SALL, portée par Madame Arame Ndoye, Ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités locales,
Je voudrais profiter aussi de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont accepté de venir partager avec nous cette journée d’échange, le temps de ce CRD, sur l’aménagement du territoire qui, dans notre pays et par la volonté du chef de l’Etat, va évoluer dans ces principes de base fondateurs à forte connotation distributive vers une approche de développement territorial parce que retenant la perspective de recomposition des espaces en relation avec des dotations factorielles et les dynamiques socio-économiques émergentes.
Pour rappel, sur quelques éléments de contexte, il faut dire que depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, l’Etat s’est fixé plusieurs objectifs en matière de développement économique et social en inscrivant son intervention dans une logique de planification économique et spatiale par:
L’élaboration et la mise en œ uvre de schémas et plans d’aménagement du territoire ;
La mise en place de sociétés de développement régional telle que la SODEVA, la SAPCO, la Société des terres neuves qui a permis de décongestionner d’ailleurs une bonne partie des zones du Sine (Niakhar, Ngayokhem etc.) ;
La construction de grandes infrastructures “structurantes” etc.
L’élargissement de la participation des acteurs à la base à la gestion de la chose publique, avec l’approfondissement de la décentralisation par la création des communautés rurales d’abords en 1972 et la régionalisation en 1996 avec la création des « régions » collectivités locales et le transfert de neuf (9) domaines de compétence à ces collectivités locales, confirme l’option de l’Etat d’envisager la prise en charge de l’action publique dans une logique concertée, partenariale et négociée, entre divers partenaires et acteurs à la légitimité et aux ressources différentes: les collectivités locales bien sûr, mais aussi les acteurs économiques (c’est-à-dire les entreprises privées, projets etc.) et les acteurs sociaux (associations professionnelles, société civile etc.).
Cette démarche de rupture, se justifie par la persistance des inégalités entre :
i) la région de Dakar et le reste du pays;
ii) le tiers ouest (c’est à dire l’ouest de l’axe Dagana – Kolda), et le reste du pays;
iii) et les zones urbaines et rurales. Et cela, malgré les mutations institutionnelles survenues au niveau de la structure en charge de l’aménagement du territoire qui est passée de bureau en 1961 à une direction de 1967 à 2009 et l’adoption d’un Plan national d’Aménagement du Territoire (PNAT) en 1997 qui avait retenu le scénario de développement équilibré en lieu et place du scénario tendanciel qui était inacceptable. La mise en œ uvre du scénario de développement équilibré aurait permis de promouvoir un développement harmonieux et équilibré du territoire national.
L’horizon 2021 du PNAT n’est certes pas encore atteint mais le constat est tel que, au niveau socio-économique, les défis sont encore nombreux et ont pour noms : pauvreté des ménages surtout ruraux, chômage des jeunes, difficulté d’accès aux services sociaux de base, cherté de la vie, inondations etc.
Au niveau macroéconomique et environnemental, le défi énergétique, la souveraineté alimentaire et les changements climatiques constituent encore des réalités auxquelles nous devons faire face.
Force est de reconnaitre, Monsieur le Gouverneur, chers invités, que la conception centralisée de l’aménagement du territoire, perceptible à travers l’élaboration et la mise en œ uvre des plans et programmes de construction d’infrastructures et d’équipements, avec uniquement les administrations centrales, sans aucune approche territoriale à priori et une faible implication du local, a montré ses limites :
Les sources de frustration s’élargissent en s’amplifiant avec le renforcement des déséquilibres spatiaux ;
La cohésion sociale est fragilisée par une inégalité des opportunités d’accès aux infrastructures et services sociaux de base ;
La cohérence territoriale et la viabilité des espaces ne sont plus garanties avec les ruptures de solidarité et l’absence de polarisation des pôles-relais sur leurs arrières pays.
Ces tendances lourdes qu’on doit nécessairement infléchir, justifient la nouvelle vision pour le changement, inscrite dans le « Yoonu Yokkuté » porté par son excellence le président de la république, Monsieur Macky Sall, qui crois avec force, que « …Le modèle de développement choisi jusqu’à présent ne parvient pas à venir à bout des injustices sociales. Il faut le changer. Il nous faut le repenser. En effet, notre modèle économique n’est pas suffisamment productif pour nous permettre de créer les emplois et les richesses nécessaires à notre développement. Dans le même temps, les conditions pour une croissance développante au service de tous ne sont pas réunies. C’est sur la base d’un nouvel ordre de priorités qu’il faut désormais agir afin d’ouvrir un chemin pour le véritable développement. Le chemin sera difficile, mais rien ne doit entamer notre détermination et notre persévérance… ».
Cette conviction du Président de la république, Monsieur le Gouverneur, traduite en une vision doit être partagée par les acteurs de l’Aménagement territoire, au niveau central bien sûr, mais aussi et surtout au niveau local.
L’ANAT, bras technique du Ministère de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités locales (MATCL), créée en faveur du décret 2009-1302 du 20 novembre 2009, se fixe comme ambition de traduire en acte concret cette vision, avec comme finalité, la promotion de territoires viables, compétitifs, attractifs porteurs de croissance, dans un Sénégal émergent, qui doit asseoir son leadership dans la sous région ouest africaine.
En sus des missions anciennement dévolues à l’ancienne DAT, Monsieur le Gouverneur, les attributions de la Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques (DTGC) et celles de l’Agence nationale du Cadre de vie et de la qualité de la consommation (ANCVQC) ont été transférées à l’ANAT qui actuellement doit :
En matière d’aménagement du territoire
élaborer un Plan national d’Aménagement et de Développement territorial ;
mettre en œ uvre la politique nationale d’Aménagement du Territoire ;
veiller au développement harmonieux des agglomérations et à la répartition équilibrée des activités économiques et des populations sur l’ensemble du territoire ;
veiller à la mise en cohérence des réseaux d’infrastructures et d’équipements publics avec les besoins des populations, en conformité avec les options stratégiques du Gouvernement ;
assurer la coordination de la mise en œuvre des stratégies d’aménagement du territoire prévues par le Plan national d’Aménagement du territoire (PNAT) et celle du Programme national d’Aménagement pour la Promotion de la Solidarité et de la Compétitivité territoriale (PNASCOT) ;
conduire les études économiques pour une cartographie des potentialités des terroirs ;
contribuer à la définition, à la mise en œuvre et au suivi des politiques contractuelles de l’Etat ; notamment, les contrats plans Etat-Régions (CPER) ;
assister les collectivités locales dans la définition de programmes locaux et régionaux de développement ;
contribuer à la définition, à la mise en œuvre et au suivi des politiques sous régionales ;
procéder à la coordination des évaluations des documents cadre de niveau national, régional et local ayant pour référence le Plan National d’Aménagement et de Développement territorial (PNADT) ;
veiller à la cohérence des différents outils et instruments de planification au niveau national, régional et local avec le Plan national d’Aménagement du Territoire ;
donner un avis sur les projets ayant une incidence sur l’Aménagement du Territoire ;
assurer le suivi de l’application des lois sur le Domaine national et la Réforme de l’Administration Territoriale et locale.
En matière de travaux géographiques et cartographiques, l’ANAT doit :
- assurer la collecte, la maîtrise de l’information territoriale ainsi que la conservation de la documentation territoriale ;
- créer et gérer une base de données sur les indicateurs socio-économiques devant déterminer la localisation des équipements, infrastructures et autres ;
- réaliser la cartographie thématique du Sénégal, la cartographie numérisée des territoires et élaborer un Atlas du Sénégal ;
- assurer la représentation du Gouvernement auprès des structures sous-régionales et régionales spécialisées en matières de travaux cartographiques ;
- assurer le Secrétariat du Groupe interinstitutionnel de Concertation et de Coordination chargé de piloter le Plan national géomatique du Sénégal (PNG).
En matière d’amélioration du cadre de vie des populations
- participer à la lutte contre les encombrements de la voie publique ;
- coordonner les politiques d’élimination des déchets ;
- lutter contre les nuisances sonores et olfactives ;
- surveiller la qualité des produits destinés à la consommation
Ce renforcement des attributions de la structure chargée de l’aménagement du territoire trouve sa justification dans le souci de mieux construire et développer le Sénégal par la valorisation de ses ressources et potentialités territoriales. Territoire qu’il va falloir dès lors repenser, recomposer, rénover par une gouvernance vertueuse, une atténuation des frustrations par la réduction des disparités et la promotion d’une hiérarchie fonctionnelle des établissements humains, capable de faire émerger des pôles, porteurs d’un développement territorial durable. Par ailleurs, dans le cadre de sa stratégie de déploiement, l’ANAT est en train de pourvoir en personnel les services vacants dans les régions, en prenant l’option d’anticiper sur les orientations qui se dessinent dans le cadre de la formulation de l’acte 3 de la décentralisation. C’est ainsi que le vide constaté jadis sur Kaolack, Fatick et Kaffrine vient d’être comblé, dans un souci d’assurer une offre de service de proximité et de qualité en matière d’aménagement du territoire, pour l’ensemble des acteurs locaux.
En termes de réalisation,
- l’ANAT a finalisé le Schéma Directeur d’Aménagement de la Grande Côte (SDAGC) qui connait un début de réalisation avec la mise en œuvre du Programme d’Aménagement et de Développement Economique des Niayes (PADEN).
- Le processus de révision du PNAT est enclenché et va aboutir à l’élaboration d’un (Plan national d’Aménagement et de Développement territorial PNADT) intégrant les nouveaux paradigmes et enjeux qui interpellent notre pays, notamment les changements climatiques, la souveraineté alimentaire, le défi énergétique, les dynamiques transfrontalières etc.
- Le processus d’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement et de développement territorial de l’axe Dakar-Mbour-Thies est enclenché. L’objectif recherché est d’assurer une gestion spatiale durable du territoire de la zone située entre ces agglomérations.
- Le projet cartographie, topographie numérique dans le nord du Sénégal est réalisé et a permis de faire la cartographie numérique de cette zone du pays, avec une base de données géo référencée précise et dynamique à partir des images satellitaires haute résolution ainsi que la mise en place d’un portail de diffusion par internet.
- Le volet cartographique du Projet d’appui institutionnel au secteur de l’assainissement et à la cartographie urbaine (volet 3 : base de données cartographie urbaine à l’échelle 1/2000e) a été réalisé sous la maitrise d’ouvrage déléguée de l’ANAT, avec la création de base de données cartographies urbaine concernant sept villes (Dakar et banlieue, Diourbel, Kaolack, Louga, Mbour-Saly, Saint Louis et Thiès).
La réalisation de ce projet a permis d’élaborer des bases de données géo référencées normalisées ainsi que des cartes à des échelles plus précises (1/2000e), permettant de renforcer très sensiblement, l’efficacité des interventions des différents acteurs du secteur urbain tout en autorisant une meilleure coordination des gestionnaires de réseaux.
- Dans le même registre l’ANAT a pu réaliser la maintenance et la densification du réseau géodésique et de nivellement du Sénégal
- L’ANAT à mis en place un Observatoire cartographique numérique des Inondations (OCNI), dans le contexte global de l’Observatoire national des territoires (ONT) prévu dans la révision du PNAT.
Cet observatoire a pour objectif principal la maîtrise de l’information territoriale en vue de bénéficier d’un ensemble d’outils cohérent en vue de faciliter la prise de décision sur le thème des inondations. Il sera utilisé dans le cadre du Système d’Alerte Précoce (SAP).
- Dans le cadre de la formulation de l’acte 3, l’ANAT prend une part active dans les travaux de la commission « cohérence territoriale ».
En perspective, un certain nombre d’activités est prévu, notamment avec :
- La révision du PNAT qui va aboutir à l’élaboration du PNADT ;
- La poursuite du Projet d’appui institutionnel au secteur de l’assainissement et à la cartographie urbaine (volet 3 : base de données cartographie urbaine à l’échelle 1/2000e) avec d’autres villes identifiées ;
- L’extension du projet cartographie topographie numérique dans le reste du Sénégal avec une base de données géo référencée précise et dynamique à partir des images satellitaires haute résolution ;
- L’élaboration des Schémas directeurs d’Aménagement des zones spécifiques d’aménagement identifiées dans le cadre du PNAT (Vallée du Fleuve Sénégal, Zone sylvopastorale, zone du Sud-est, Zone du Centre Nord-Ouest, zone du Centre sud-ouest, zone du Littoral sud) ;
- L’élaboration et la mise en œuvre d’un Programme d’Appui au Développement Territorial (PADET) etc.
Monsieur le Gouverneur, la trame de l’intervention de l’ANAT sera adossée au « Partenariat pour l’action territoriale » en fait, avec une synergie forte entre le niveau central et les acteurs locaux qui doivent jouer un rôle fondamental dans le portage de projets de territoire pour une véritable animation territoriale, gage d’un développement durable des territoires par les territoires et pour les territoires.
La mise en œ uvre de la politique d’aménagement du territoire telle que voulue par le Président de la République va contribuer, Monsieur le Gouverneur, chers invités, à maîtriser les déterminants qui influent d’une manière ou d’une autre sur l’amélioration des conditions de vie de nos populations, en aidant les territoires les plus en difficultés, notamment les zones rurales, les zones en reconversion lourde, et les zones urbaines en difficulté à se forger un projet. Le soutien doit notamment mettre l’accent sur l’éducation, la formation, les niches et bassins d’emploi, les infrastructures structurantes, l’information et la communication, et sur l’innovation qui doivent aider à valoriser les spécificités et les potentialités des territoires.
La politique d’aménagement du territoire doit aussi contribuer au renforcement des dispositifs de proximité à l’expression des solidarités locales nécessaires à la constitution des réseaux sociaux. Dans un contexte d’exacerbation des concurrences, elle doit privilégier les coopérations entre territoires, entre l’Etat et les entités « infra Etat » (régions, départements etc.), afin d’améliorer les services offerts aux acteurs économiques et aux populations, notamment en donnant corps à la hiérarchie fonctionnelle des établissements humains.
Je ne voudrais pas terminer sans réitérer mes remerciements les plus sincères en votre endroit, Monsieur le gouverneur en y associant vos collaborateurs pour leur disponibilité et je voudrais saisir aussi l’occasion pour affirmer et rassurer les acteurs territoriaux, les collectivités locales au premier chef, de la disponibilité de l’ANAT à accompagner leurs initiatives en matière d’aménagement du territoire et de développement territorial.
Je ne vous considère pas uniquement comme des partenaires ou des alliés dans ce combat pour un Sénégal émergent que nous menions aux côtés de son excellence le président Macky Sall, mais plutôt comme des complices avec qui nous partageons une même VISION : « Agir ensemble pour un développement territorial efficient porteur de croissance ».
Je vous remercie de votre aimable attention.